RENOUVELER LA SOCIAL-DÉMOCRATIE PAR L’ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE

par Jean-Louis Laville
14 février 2011 Article publié dans: | Nouvelles Solidarités

Introduction

Il y a encore quelques années, la fin de l’histoire était célébrée et attestée par la congruence supposée entre démocratie et capitalisme. Avec la crise de 2008, les États ont dû venir en aide aux banques mais, loin de restaurer leur autorité, ces actions de sauvetage ont accru un endettement qui place désormais les nations sous surveillance des marchés et des agences de notation. Alors que les inégalités sociales et les désordres écologiques s’amplifient, il apparaît donc que, loin de la congruence annoncée, « entre capitalisme et démocratie il y a un rapport de tension insurmontable » [Habermas, 1998, 379].

Le risque de régressions autoritaires est patent. Comme l’indique l’expérience des années 1930 « la société de marché » produit de telles insécurités qu’elle peut faire le lit de gouvernements totalitaires. Mais l’existence d’une telle menace ne doit pas entretenir l’immobilisme ou la peur du lendemain. À l’inverse il est possible de tirer des enseignements du XXe siècle afin d’examiner les conditions d’une démocratisation au XXIe siècle. C’est l’orientation choisie ici.

Le XXe siècle nous a appris le danger représenté par une référence au changement social dans laquelle l’économie est considérée comme l’infrastructure de la société. Une telle vision par ailleurs focalisée sur la prise du pouvoir, nécessaire pour la collectivisation de la propriété des moyens de production, a engendré le totalitarisme par absence de prise en compte des médiations politiques et des médiations entre ordres politique et économique, comme l’a montré Lefort [1986]. Le respect de ces médiations est donc un legs important de la social-démocratie. En s’appuyant sur cette tradition, il est toutefois nécessaire de la dépasser parce que la social-démocratie ne suffit pas pour affronter les défis de ce début de XXIe siècle.

Plus précisément cette contribution présente d’abord les réductionnismes qui caractérisent les conceptions économiques et politiques dominantes. Ensuite elle mentionne les résistances historiques à ces réductionnismes constituées par la social-démocratie mais aussi à un degré moindre par l’économie sociale. Les limites rencontrées par ces résistances ont affaibli les volontés de transformation mais elles n’ont pas débouché que sur la résignation. Depuis la fin des Trente Glorieuses, de nouvelles actions collectives ont vu le jour. Elles ont en particulier engendré l’émergence d’une économie solidaire qui veut renouer avec un projet de changement social en considérant que la démocratisation de l’économie devient une condition pour la démocratisation de la société. Différentes oppositions au libéralisme économique se sont donc succédées ou juxtaposées, les lignes qui suivent argumentant pour leur articulation : autrement dit, l’économie sociale repensée grâce à l’apport de l’économie solidaire peut contribuer à une social-démocratie radicalisée. Il s’agit ici d’identifier des voies permettant de réaliser cet objectif à travers le couplage entre une action sur le cadre institutionnel privilégiée dans la social-démocratie et une action par les pratiques sociales valorisée dans l’économie sociale. L’économie solidaire œuvre déjà dans cette perspective puisqu’elle repose sur une reconnaissance de l’importance des initiatives citoyennes indissociables d’une prise de parole en faveur de la modification des politiques publiques à leur égard. Mais pour renouveler profondément la social-démocratie encore faut-il, comme le détaille la dernière partie du texte, que les évolutions des sphères économique et politique soient pensées conjointement.

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La réflexion sur le renouvellement de la social-démocratie sera portée dans le cadre d’une aventure intellectuelle originale. Un consortium de recherche va se concerter pour conduire durant toute l’année des travaux qui prendront en charge l’un ou l’autre des grands questionnement soulevés par le texte de référence lancé par Benoît Lévesque, Michel Doré, Marilyse Lapierre et Yves Vaillancourt. Co-responsables, sous la coordination de l’Institut de recherche en économie contemporaine (Robert Laplante), de la mise en œuvre d’une programmation de travail qui fera une large place aux échanges et aux débats entre chercheurs et acteurs de la société civile, les membres et participants de ce consortium de recherche seront appelés à faire paraître sur le site Internet des textes faisant état de l’avancement de la réflexion. Divers événements vont ponctuer le parcours qui devrait déboucher sur un grand rendez-vous public à l’automne 2010. Le consortium est formé des membres suivants : le CÉRIUM (Pascale Dufour), la Chaire du Canada Mondialisation, citoyenneté et démocratie (Joseph-Yvon Thériault, titulaire), l’Observatoire de l’Administration publique ( Louis Côté, directeur), les Éditions Vie Économique (Gilles Bourque, coordonnateur) et de deux équipes de partenaires, dont l’une réunie autour de Denise Proulx, de GaïaPresse, et Lucie Sauvé, de la Chaire de recherche du Canada en éducation relative en environnement, et l’autre rassemblée autour de Christian Jetté de l’Université de Montréal et Lucie Dumais de l’UQAM.

 


Agenda

 

Editorial

L’importance, pour ne pas dire l’urgence d’organiser la réflexion collective sur l’état de notre démocratie et l’avenir de notre société devrait nous interpeller puissamment. Il se présente en effet des moments qu’il faut saisir dans l’histoire des peuples quand les vieux modèles, épuisés, atteignent leurs limites et conduisent à de nouvelles impasses. Le Québec est rendu à l’un de ses moments.



 



 

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