Depuis la fin des années 1980, le Québec –tout comme le reste du Canada- participe au mouvement de libéralisation des échanges commerciaux, notamment avec la signature de Traités, d’abord avec les Etats-Unis (ALE), puis avec le Mexique (ALENA) et peut-être, un jour, avec les Amériques (projet de ZLÉA reporté). Ce contexte économique traduit un phénomène observable ailleurs dans le monde sous des formes très similaires, que ce soit à l’échelle planétaire (négociations au sein de l’OMC) ou à l’échelle continentale (Union européenne).
Cet approfondissement des logiques du capitalisme marchand et financier s’accompagne de bouleversements sociaux et politiques majeurs. Le Québec est très fier de ses réalisations au chapitre de la lutte contre la pauvreté et les exclusions sociales. Il est vrai que le taux de pauvreté a été nettement réduit depuis le début des années 2000, le Québec ayant rattrapé –et même doublé- les autres provinces canadiennes. De nombreux efforts ont été fournis par l’État pour venir en aide aux travailleurs à faibles revenus. Ceci dit, l’incidence de la pauvreté s’est accrue (les personnes pauvres sont de plus en plus pauvres) et les indicateurs d’inégalités socio-économiques n’ont jamais été aussi importants (l’écart entre les personnes riches et les personnes pauvres s’accroît) ; la mobilité sociale semble freiner pour certaines catégories de personnes, risquant de créer des « poches » d’exclusion sociale à moyen-terme ; les immigrants récents sont les plus touchés par la pauvreté et particulièrement la pauvreté au travail ; les femmes immigrantes apparaissent, tout secteur confondues, particulièrement vulnérables. Bref, les fruits de la période de croissance économique que le Québec a connu dans les années 2000 n’ont pas été récoltés également par tous.
Au-delà des statistiques brutes, il est nécessaire de prendre en compte les transformations sociales en cours pour comprendre les nouvelles inégalités et les processus qui les créent. Ce chantier se propose d’ouvrir la réflexion à partir de la comparaison avec d’autres pays et d’autres provinces afin de mieux cerner la réalité du Québec. Quelles sont les particularités –s’il y en a- des inégalités et des rigidités au Québec et comment, en s’inspirant de ce qui se fait ailleurs, pouvons-nous travailler à la justice sociale ?
Quelles sont les dynamiques économiques, sociales et politiques qui les sous-tendent au Québec et ailleurs ? Comment les transformer ?
Plusieurs thématiques peuvent servir de point d’entrée à cette discussion : questions sociales, questions de l’emploi, des flux migratoires, inégalités liées au genre. La liste n’est ni exhaustive ni limitative.
Programmation prévue :
Responsable Pascale Dufour, Centre de recherche sur les politiques et le développement social (CPDS), unité du CÉRIUM et Département de science politique de l’Université de Montréal
NOUVEAU : Pour vous inscrire et recevoir tous les nouveaux numéros de la veille sur la social-démocratie dès sa sortie, merci d’écrire à l’adresse suivante :
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La réflexion sur le renouvellement de la social-démocratie sera portée dans le cadre d’une aventure intellectuelle originale. Un consortium de recherche va se concerter pour conduire durant toute l’année des travaux qui prendront en charge l’un ou l’autre des grands questionnement soulevés par le texte de référence lancé par Benoît Lévesque, Michel Doré, Marilyse Lapierre et Yves Vaillancourt. Co-responsables, sous la coordination de l’Institut de recherche en économie contemporaine (Robert Laplante), de la mise en œuvre d’une programmation de travail qui fera une large place aux échanges et aux débats entre chercheurs et acteurs de la société civile, les membres et participants de ce consortium de recherche seront appelés à faire paraître sur le site Internet des textes faisant état de l’avancement de la réflexion. Divers événements vont ponctuer le parcours qui devrait déboucher sur un grand rendez-vous public à l’automne 2010. Le consortium est formé des membres suivants : le CÉRIUM (Pascale Dufour), la Chaire du Canada Mondialisation, citoyenneté et démocratie (Joseph-Yvon Thériault, titulaire), l’Observatoire de l’Administration publique ( Louis Côté, directeur), les Éditions Vie Économique (Gilles Bourque, coordonnateur) et de deux équipes de partenaires, dont l’une réunie autour de Denise Proulx, de GaïaPresse, et Lucie Sauvé, de la Chaire de recherche du Canada en éducation relative en environnement, et l’autre rassemblée autour de Christian Jetté de l’Université de Montréal et Lucie Dumais de l’UQAM.
L’importance, pour ne pas dire l’urgence d’organiser la réflexion collective sur l’état de notre démocratie et l’avenir de notre société devrait nous interpeller puissamment. Il se présente en effet des moments qu’il faut saisir dans l’histoire des peuples quand les vieux modèles, épuisés, atteignent leurs limites et conduisent à de nouvelles impasses. Le Québec est rendu à l’un de ses moments.